jeudi 18 juin 2015

Article à écrire sur l'opposition entre une rente de monopole et les deux rentes positives, créatrices de richesse durable que sont les rentes de capital et d'agglomération. Normalement, les deux dernières devraient à terme supplanter la première. L'avancée de la théorie économique progresse : quand l"'analyse par le territoire et le développement durable supplantera t'elle celle macroéconomique par la modélisation des profits sur les marchés ?
La rente d'agglomération est une notion développée depuis longtemps par les auteurs de la géographie économique : Krugman, Fujita, Mori (années 90), à la lumière des géographes.
Elle désigne l'ensemble des effets liés aux externalités positives suscitées par l'extension des pôles de densité urbaine et économique importants.
La rente de capital est une notion qui a été élaborée par moi, dans le cadre de mes recherches sur la liberté d'entreprendre, elle met en valeur la petite entreprise installée sur un territoire donné et prend en compte tous les paramètres de ce dernier, ainsi que tous les effets positifs (externalités) que cette entreprise apporte sur le même territoire, sans remettre en cause les échanges internationaux. Ce n'est pas du protectionnisme c'est de l'esprit pratique. Normal : l'élaboration de cette notion et de sa définition me vient de l'étude du fonctionnement de l'exploitation article, puisque j'enseigne depuis vingt ans, l'économie dans ce milieu là. 
Tout comme John Kenneth Galbraith qui venant d'un milieu agricole avait lui aussi un esprit pratique notamment lorsqu'il fustige les industries d'armement.
Pour en revenir à nos moutons, il convient de ne pas abandonner le raisonnement en termes macroéconomiques, certes, mais de recentrer ce dernier et en le rapprochant d'un mode de raisonnement microéconomique (qui s'intéresse aux acteurs économiques et à leur fonctionnement d emanière poussée), se servir sans complexes du terme de mésoéconomie (le terme est cette fois-ci de Mlle Farge, lyonnaise auteur d'une thèse sur les monnaies complémentaires).
A compléter.

La révolte des Canuts.

La vraie devise des Canuts est "Vivre libre ou mourir" élaborée en 1789, date ou le principe de Liberté resurgit comme principal leitmotiv qui se traduira constitutionnellement ainsi que dans la déclaration de 1789.
Mais on ne remet pas en cause 2000 ans de domination économique (sur 8000 ans de coopération).  
On retrouve ainsi, dès 1841, chez les Canuts et leur devise, cette soumission à un ordre social rigide et préetabli, ne prenant pas en compte l'individu qui se sert alors de la retranscription en deux ordres sociaux : les gens d'arme et le tiers-Etat soit pauvres et travailleurs et nobles combattant se sacrifiant ensemble afin de faire fonctionner la perpétuation du Royaume de France. Ainsi dans la devise "Vivre en travaillant ou mourir en combattant" est-on confronté à nouveau au choix drastique qui se pose à tout français de sexe masculin en 1914 : travailler ou aller sur le front, d'ailleurs il n'avait souvent pas le choix, après que la fonction de se battre pour défendre son pays se soit déplacée d'un ordre : la noblesse à un autre.
Cette dernière ayant perdu sa vocation après 1789, s'étant mal relevée de l'affront subi, laissant la place à d'autres gens, d'autres privilégiés sous l'empire et la restauration, a tout donné aux pauvres poilus...Serait-ce une manière détournée de se venger des sans-culottes ? 
Le sens du sacrifice et de l'obéissance à des dieux tutélaires n'est en effet pas encore sorti de l'inconscient collectif français, on ne se remet pas comme cela de 2000 ans de domination économique sous l'égide de l'Eglise, ni de près de 600 ans de colonisation romaine.
Cela, Karl Marx ne l'avait pas encore perçu peut être. Aussi doit on en revenir aux bases même de l'Internationale. Il faut partir de la liberté de l'individu tout seul...
De là à dire que les Canuts était une révolte conservatrice...




Revue Hérodote .net.

22 novembre 1831



La révolte des canuts de Lyon

Par Fabienne Manière.


Le 22 novembre 1831 éclate sur la colline de la Croix-Rousse, au nord de Lyon, la révolte des canuts. La révolte se propage dans tous les quartiers ouvriers de la métropole. Les insurgés prennent pour emblème le drapeau noir et la devise : « Vivre en travaillant ou mourir en combattant ».
Fabienne Manière

Victimes du progrès technique

On est au début de la Révolution industrielle... Le mot paupérisme, importé d'Angleterre en France en 1822, exprime le sentiment général que l'enrichissement de la bourgeoisie se paye de l'appauvrissement de la classe ouvrière.
À Lyon, les canuts, dont le nom vient du mot canette, ou bobine, sont des artisans qui tissent la soie à domicile sur leur propre métier à bras. Ils travaillent pour le compte des soyeux (les patrons négociants) qui leur fournissent la matière première et récupèrent le produit fini. Ils sont environ 6000 artisans et emploient 30.000 compagnons.
Le revenu des uns et des autres, 18 sous environ pour quinze heures de travail par jour, ne permet qu'une vie de misère. Du fait de métiers à tisser beaucoup plus productifs qu'auparavant, comme le métier Jacquard, et en dépit d'une demande soutenue, ce revenu est deux fois moindre que sous le Premier Empire !
Les canuts font appel au préfet du département, Louis Bouvier-Dumolart, et obtiennent qu'une commission paritaire fixe un tarif minimum. Le préfet fait ensuite afficher dans la ville la déclaration suivante : « Si par exception quelques ouvriers honnêtes ont encore des griefs à faire redresser, les voies légitimes leur sont ouvertes, et ils sont assurés d'y trouver une bienveillante justice ». Mais en recevant les délégués ouvriers, il a enfreint la loi Le Chapelier (1791) qui interdit les associations ouvrières et cela lui vaut d'être désavoué par Paris.
Patrons réfractaires aux concessions
Plus gravement, certains soyeux refusent d'appliquer le tarif minimum en prétextant comme de coutume de la concurrence internationale et des contraintes du marché. Les canuts, en colère, se mettent en grève. Le 19 novembre 1831, au cœur de la Croix-Rousse, ils font face à la garde nationale. Des coups de feu claquent. La révolte gronde.
Deux jours plus tard, les canuts descendent de leur colline, drapeau noir en tête, et occupent le centre de Lyon après quelques combats avec les forces de l'ordre. On compte une centaine de morts. Maîtres de la deuxième ville de France mais ne sachant que faire de leur victoire, les canuts et la garde nationale, qui s'est finalement ralliée à eux, constituent un comité insurrectionnel pour se donner le temps de réfléchir. Ils s'abstiennent soigneusement de tout pillage.
Voilà le roi Louis-Philippe 1er confronté à sa première révolte sociale à peine plus d'un an après son accession au pouvoir. Le Président du Conseil Casimir Perier, par-dessus tout soucieux d'ordre, envoie 20.000 soldats sous les ordres du maréchal Soult aux portes de Lyon. Ils attendent patiemment que les insurgés se lassent.
Enfin, le 5 décembre 1831, les troupes peuvent entrer dans la ville sans effusion de sang. La garde nationale est désarmée et dissoute, le tarif minimum abrogé et le préfet, jugé trop conciliant, révoqué. Une dizaine de canuts seulement sont traduits en justice... et bientôt acquittés.

Frayeur dans les salons

Casimir Perier (1777-1832), 1832, château de VersaillesCasimir Perier déclare à la Chambre des députés : « Il faut que les ouvriers sachent qu'il n'y a de remède pour eux que la patience et la résignation ». Il n'aura guère le temps de savourer son succès. Épuisé par le travail, il contracte le choléra lors d'une visite auprès des malades à l'Hôtel-Dieu de Paris et meurt le 16 mai 1832.
Dans le Journal des débats, le 8 décembre 1831, Saint Marc Girardin, conseiller d'État, exprime la frayeur des classes possédantes face à la révolte des canuts, si nouvelle dans son principe : « La sédition de Lyon de 1831 a révélé un grave secret, celui de la lutte intestine qui a lieu dans la société entre la classe qui possède et celle qui ne possède pas.. Notre société commerciale et industrielle a sa plaie comme toutes les autres sociétés ; cette plaie, ce sont les ouvriers. Point de fabrique sans ouvriers, et avec une population d'ouvriers toujours croissante et toujours nécessiteuse, point de repos pour la société [...].
Les barbares qui menacent la Société ne sont point au Caucase ; ils sont dans les faubourgs de nos villes manufacturières ».

La « Sanglante semaine »
La révolte des canuts en 1834, gravure colorisée
À nouveau les canuts lyonnais se soulèvent en 1834, après que des meneurs ont été traduits en justice pour avoir dénoncé des baisses de salaires et fait grève. Cette fois, ils trouvent en face d'eux le ministre de l'Intérieur Adolphe Thiers, beaucoup moins accommodant que Casimir Perier. Il laisse les manifestants ériger des barricades puis fait donner la troupe. Celle-ci va méthodiquement reconquérir la ville.
On compte environ 600 morts et 10.000 arrestations au cours de la « Sanglante semaine » du 9 au 15 avril 1834. La répression rassure les possédants sur la détermination du gouvernement à les protéger contre les barbares des faubourgs. C'est un prélude à la « Semaine sanglante » de 1871 par laquelle le même Thiers mettra un terme à la Commune de Paris.