jeudi 17 juillet 2014

Soirée économies solidaires du 10 juillet 2014. Maison de la Croix-Rousse. Lyon.

Soirée économies solidaires du 10 juillet 2014.
Maison de la Croix-Rousse. Lyon.
4 Rue Bodin, 69001 Lyon
04 78 27 29 82






Après des discussions autour des conséquences malsaines du projet TAFTA menées le 10 juin dernier lors de la dernière soirée économies solidaires à la maison de l'écologie de la Croix-Rousse, nous nous sommes consacrés avec les personnes présentes, ce mois-ci, au recyclage.
Les biens et les services recyclés constituent en effet une partie importante de l'économie dite réelle, qui lorsque s'organisent des réseaux de solidarité, peut constituer un important palliatif aux manques qui marquent nos sociétés en partant du local. 
C'est d'ailleurs par là qu'il faut commencer, par recycler une bonne partie de nos déchets ou objets inutilisés afin de limiter le gaspillage des ressources d'une part, de l'activité économique d'autre part.
Ce n'st que par ce biais là que nous arriverons un jour à mettre en place une réelle efficience (1), au sens littéral du terme, au sein de notre économie.
C'est une condition importante de mise sur le circuit d'une économie réelle c'est à dire, tenant compte de l'ensemble des biens et services qui sont à la disposition non pas du consommateurs (2) mais des individus peuplant la société.

Voici la manière dont nous avons présenté le recyclage comme choix et acte économique important :
Il y a nécessité de reformuler nos choix économiques dans une situation où règnent le gaspillage, les production de pollutions, d'entraves à la libre concurrence réelle, à u droit du travail.
Dans ce contexte, la croissance est souvent présentée comme étant une donnée incontournable, signe d'une bonne santé économique. C'est faux. Celle ci avec ses chiffres et ses taux calculée à partir du PIB national (comparaison entre les valeurs ajoutées produites d'une année sur l'autre) ne signifie rien si on la compare à la valeur ajoutée réelle de l'économie réelle (non marchande, non publique), autrement dit à l'intégralité des richesses qui sont à la disposition des individus d'une société.


I. Présentons les autres alternatives au marché. Nous sommes ici dans la sphère de l'économie solidaire :
-Les systèmes d'échange locaux.
Ils permettent d'échanger des biens et des services sans monnaie, simplement grâce à la comptabilisation des crédits et des débits de chaque membre de l'association par des unités de mesure.
-Le troc tout court, entre voisins, entre personnes d'un même groupe social ou se côtoyant via les systèmes de plus en plus grandissant de mixité sociale. Rappelons que cette valeur là est une valeur actuelle, évoquée dans le cadre de la loi Solidarité et renouvellement urbain de 2000 et intégrée au sein des plans d'aménagement et de développement durable mis en place au sein des communes ou des métropoles d'aujourd'hui. Elle oblige à tenir compte de ce paramètre et constitue un "plus" même si sa mise en place n'est pas effective de partout, dans une société où cette valeur devient dominante.
-Les réseaux associatifs (systèmes semi- marchands autres que le service public. Développés par le monde associatif ils permettent d'accéder à des prestations de service moins onéreuses que celles du marché).
-Le recyclé. (papiers, cartons, verres, métaux, bois, collectés grâce à une vigilance croissante dans le tri des déchets par les ménages et les entreprises mais aussi les administrations ou toute autre forme collective de vie en commun). La pratique suit son chemin. Dans dix ans, elle sera la norme de partout.
-Les réseaux internet de troc, de vente à prix réduits d'objets déjà utilisés).
-Le gratuit, le don. On pensera notamment aux Free BOX. (Tout le monde peut mettre en place une Free box de partout, dans tous les quartiers).
-La récupération des invendus en matière alimentaire.
-Les lieux de vie collectifs (squats, lieux d'occupation, ou lieux de vie sous-loués ou loués à des prix très réduits par leurs propriétaire).



II. Les acteurs de l'économie recyclée.
(Dite aussi économie circulaire, une des branches de l'économie solidaire qui est aussi une branche de l'économie réelle).
-Certaines entreprises, groupements ou associations. Grâce au recyclage des déchets . On utilise du vieux pour produire du neuf (cartons, papiers, déchets biodégradables, verre, tissu, ainsi l'abbé Pierre a commencé avec les chiffons d'Emmaüs).
-Les associations spécialisées dans la collecte des objets, biens et exercices marchands ou non marchands destinés à être récupérés.
-Les dépôts ventes ou ventes organisés par des entreprises pour écouler leurs invendus.
-Les vide grenier, les associations de récupération qui mettent en vente à prix très faibles des objets déjà utilisés qui ne sont pas neufs mais ont encore de beaux jours devant eux et les réutilisent pour des actions humanitaires.


III. Les initiatives privées ou collectives en local.

-Le Passeport "Ecocitoyen" à Chambery. Une initiative qui est née dans un quartier à HLM consistant à limiter les déchets imposants en taille en incitant les citoyens à les déplacer à la déchetterie moyennant l'obtention d'un passeport à points permettant d'obtenir des bons.
Un processus qui alimente également la sociabilité  car il permet, comme l'expliquent ses organisateurs, de faire se côtoyer, les habitants qui vont à la déchetterie avec le personnel de la déchetterie et les membres actifs de l'association "Passeport écocitoyen".
Voir l'article sur le lien suivant : 


-Les jardins partagés (leur ancêtre : le jardin ouvrier (parmi les ancêtres de ces jardins partagés que l'on retrouve dans toutes les grandes villes de France par exemple celui de Lyon 7 ème pour n'évoquer que celui-ci, il y a les jardins ouvriers. Ainsi, celui de Saint-Etienne a sauvé la population entière de la faim pendant l'occupation allemande). L'enjeu est importante, il s'agit pour des populations entières de pouvoir se nourrir, de s'organiser elles même leur autosuffisance alimentaire. et si les supermarchés tombaient en panne ?

-La valorisation des surplus des producteurs locaux.

-La collecte d'aliments périmés ou invendus dans les petites épiceries ou boulangeries de quartier, là où cela peut encore se faire. Avec son parangon, le repas solidaire.

-Les "incredibles vegetables". Légumes laissés devant la porte ou poussant librement sur les fenêtres. Initiative venue du Royaume-Uni.



A vos crayons, à vos idées. Merci de nous donner vos idées qui seront publiées sur ce blog. 

Voici déjà quelques idées formulées par les participants à cette soirée économies solidaires :


-Par Gilbert : Recycler, réutiliser chaque objet, chaque détritus. Eveiller à une conscience fine du lien entre notre consommation et la nature qui nous donne tant.
-Par Lucien. Aujourd'hui il y a un décalage entre économie qui se définit comme la création de richesse (sans prendre en compte leur disparition et leur entassement) et l'écologie (les richesses recyclées portaient l'être à l'infini si cela était fait de façon optimale).
La coopération industrielle (échanges de flux (énergies, matières)), jouer de la compatibilité des entreprises responsables entre elles, savoir vivre ensemble…
-Par Lucile. A Lyon, on cherche à développer la culture sauvage des légumes et des fruits sur des massifs publics, afin que tout le monde entretienne et vienne se servir sur ces massifs de légumes et de fruits. 
-Par Christophe. Développer les filières ou sous filières recyclage, le réemploi par l'écocyclerie et les étendre grâce aux réseaux, par exemple le réseau Loire-Atlantique, l'éducation populaire pour initier et s'organiser en fonction des exigences liées au recyclage, le développement de savoirs et savoirs-faire autour du recyclage. La question de Christophe est la suivante : où est la place des créateurs et des auteurs d'innovation dans un tel contexte de réutilisation de l'ancien. On peut très bien imaginer de développer de nouvelles techniques innovatrices liées au recyclage ou encore la multiplication des activités de nature créative dans un contexte où les exigences économiques (travailler pour gagner sa vie, autrement dit se fournir un revenu suffisant pour survivre et consommer est devenu superflu) grâce au développement des réseaux d'économie solidaire ou circulaire dans un contexte de mise en valeur de l'économie réelle, comme valeur sociale remplaçant le Marché. Cette question est intéressante et mérite que l'on s'y attarde.



Par Noura Mebtouche.


(1). Efficience : l'efficience, est un concept économique déjà utilisé. Par Vilferdo Pareto lorsqu'il évoque la possibilité pour notre système économique d'arriver à un optimum (satisfaction de tous les agents) mais aussi Coase, lorsqu'il évoque la nécessité de tenir compte des coûts de transaction (coûts supplémentaires occasionnés par l'échange) dans les coûts de production. Plus l'économie est complexe, plus les intermédiaires sont nombreux, plus les coûts de transaction sont élevés.
Or, les travers de notre système capitaliste l'ont montré.  Une telle organisation économique, si complexe soit-elle, n'est pas le gage d'une société forcément évoluée, elle est génératrice de troubles, d'inégalités souvent préjudiciables à ce fameux "laisser-faire-laisser passer" dont se targuent nos économistes libéraux, qui ont oublié, qu'à l'époque d'Adam Smith, les circuits économiques et financiers étaient encore très simples, le deuxième s'alignant sur le premier malgré l'existence, déjà, du taux d'intérêt. Enfin, la théorie des organisations (Veblen, nous montre, en théorie économique, une hiérarchisation des décisionnaires et des exécutants au sein de la firme, tout comme au sein des institutions aboutit à des dysfonctionnements très profonds car un système non opérationnel s'instaure, de par la mise en place d'un système d'attribution des responsabilités qui n'est pas fondé sur les compétences de chacun mais sur d'autres critères divers et variés (le relationnel, l'appât du gain, le népotisme, ou tout autre forme de privilège liée à autre chose qu'aux qualités réellement requises pour occuper la fonction. Ce n'est pas le plus fort, le plus compétent ou le pus travailleur qui gagne mais celui qui a réussi au sein de l'organisation de type capitalistique avec ses monopoles, ses oligopoles et son système décisionnaire qui ressemble à une démocratie mais qui n'en est pas une , avalisant les privilèges de la sphère économique , celle de l'argent, qui gagne…
 Il en résulte de graves dysfonctionnement  sociaux et donc économiques puisque rappelons le, nous partons du paradigme selon lequel économie politique et environnement écologique sont intimement liés, imbriquées les uns dans les autres, selon notre conception fidèle à Aristote d'abord, puis par d'autres auteurs comme, parmi les plus récents et les plus explicites, Karl Polanyi.  
Nous nous réclamons également du paradigme écologique et d'auteurs comme Murray Bookchin que nous avons déjà évoqué dans les pages de ce blog.
En nous rapprochant par nos efforts, de l'exigence d'optimalité (la sphère économique doit parvenir à la satisfaction de tous et non pas du maximum, mais de tous, sans exception), mais aussi de coûts de transaction moindre (des intermédiaires de moins en moins nombreux), tout en soignant le choix de ceux qui ont à leur charge la gestion de la société civile ou de la firme (on peut transposer le modèle de la firme à celui de la petite entreprise ou l'adapter à la coopérative) sur des critères comme d'abord la vocation et l'intérêt réel ou encore les compétences réelles ou la dose de travail effectif fourni, on doit aborder sérieusement la situation d'efficience qui est le signe d'une société évoluée.
L'efficience est un subtil mélange entre efficacité et rentabilité , secteur public contre secteur privé. Elle désigne la capacité d'une société à organiser sérieusement son économie au plein sens du terme (du grec oikonomia, soit littéralement "gestion de la Maison" que l'on élargit à "gestion de la Cité", soit un quasi synonyme du Politique "Politeia" qui traduit bien notre prise de vue sur deux sphères réencastrées), sans qu'il y ait de rejets, d'externalités négatives, en tenant compte de la satisfaction de tous les individus. Ce n'est rien d'autre que l'économie de l'abondance.
"Pax in Pulchritudine".


(2). Dans notre nouvelle optique , nous n'évoquons plus le consommateur, une notion passée aux oubliettes de la pensée économique mais simplement l'individu avec ses opinions, ses affects, son projet personnel qu'il n'a pas l'obligation de dévoiler, ses identités multiples unes et indivisibles, ses besoins réels, son corps, sa sensibilité, sa liberté de croyance, d'opinion, de choix de vie, ce que d'aucuns nomment son libre arbitre.

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